Gaza. À Faches-Thumesnil (Nord), le maire insoumis Patrick Proisy élu depuis 2020 a décidé de pavoiser du drapeau Palestinien le fronton de la mairie. S’il s’agit d’un acte hautement symbolique, il s’inscrit dans l’engagement plus large de la commune pour dénoncer le génocide des Palestiniens.
L’Insoumission a réalisé un entretien avec l’édile au sujet de l’engagement de sa commune pour le peuple palestinien et plus largement sur le traitement médiatique du génocide des Gazaouis. L’occasion, à moins d’un an des prochaines élections municipales, de revenir sur l’action d’un élu local insoumis. Notre entretien.
Pourquoi est-ce si important que la ville pavoise le drapeau palestinien et s’engage plus généralement en soutien à la lutte du peuple palestinien ?
La toute première action qu’on a fait c’était d’accueillir une marche pour la paix entre Paris et Bruxelles au début de l’année 2024 avec notamment des médecins qui ensuite partaient en Palestine.
La deuxième c’était la prise d’une délibération pour le respect du droit international et la fin des massacres en juin 2024 qui s’est accompagné par la mise en place d’une banderole sur la façade de l’hôtel de ville, on a ensuite accueilli Sami Huraini, Cisjordanien qui faisait un tour d’Europe pour raconter la réalité de son quotidien, l’accueil de la marche contre le génocide à Gaza et pour la paix à l’appel de la LDH notamment et enfin en juin 2025 avec la prise d’une délibération pour le pavoisement du drapeau palestinien.
C’est très important de le faire parce que comme c’est un conflit long, un génocide, notre système médiatique a tendance à passer très rapidement d’une information à une autre et l’idée ici c’était de dire qu’il faut continuer à faire des actions même à notre petit niveau.
Craignez-vous une sanction financière de la part du préfet suite au pavoisement du drapeau ?
Je sais qu’ils vont nous écrire, le préfet du Nord me l’a déjà demandé en me disant : « on va vous écrire une lettre, alors si vous pouvez le retirer cela nous ferait gagner du temps ». Je lui ai répondu que je préférais qu’il m’écrive parce qu’on ne le retirera pas.
Donc je sais que je vais recevoir une lettre du préfet, peut-être pas tout de suite avec les dernières annonces d’Emmanuel Macron (ndlr. sur la reconnaissance future de l’État palestinien).
L’argument du préfet c’est de dire que c’est une rupture avec la neutralité imposée par le fait que qu’il s’agit un bâtiment public. Moi je lui ai dit que quand il y avait des drapeau ukrainiens et même israéliens sur le siège de la région il n’y a pas eu d’obligation de les retirer alors que c’est la même chose : il y a un agresseur, un agressé, on peut tout à fait comparer.
En tant qu’ancien professeur d’histoire attaché à la rigueur historique et intellectuelle, que ressentez-vous en voyant vos adversaires politiques insulter la France insoumise d’antisémite et l’accuser de réécrire l’histoire du conflit israélo-palestinien ?
Il y a une grande injustice du fait surtout du traitement à géométrie variable des différents conflits, dans la bande de Gaza il doit y avoir 1 ou 2 hôpitaux encore en service, plus d’une centaine de journalistes tués, si la moitié de cela se serait passé ailleurs, les chaînes de médias en continu tourneraient en boucle pour s’indigner de la situation. (…) Il y a aussi toujours ce procédé rhétorique dégoûtant qui consiste à dire : vous défendez la Palestine donc vous êtes pro-Hamas. Une fois que tu as dit ça, la pensée ne peut plus s’installer.
Ce qu’il faut comprendre c’est que défendre les Palestiniens c’est essentiellement ne pas être d’accord pour que des enfants, ou des mères se fassent tuer, bombarder, brûler vivants ou même meurent de faim. Mais ce que je remarque c’est que ceux qui défendent les actions de Netanyahu oublient souvent de dire que c’est ce même Netanyahu qui disait que le meilleur moyen pour qu’il n’y ait pas d’État palestinien c’était de soutenir le Hamas. (…)
Le conflit israélo-palestinien c’est un conflit très complexe à comprendre historiquement et politiquement. Réduire le conflit israélo-palestinien au 7 octobre c’est manquer de rigueur intellectuelle et historique. Quand on regarde une carte du territoire palestinien de 1947 à aujourd’hui on se rend compte qu’il y en a un des deux qui colonise l’autre dans le non-respect du droit international.
Quelques jours après l’arrestation illégale par Israël du Handala et des députées insoumises Gabrielles Cathala et Emma Fourreau, que pensez-vous de l’inaction d’Emmanuel Macron et du gouvernement ?
Elles (les députées de la France insoumise Gabrielle Cathala et Emma Fourreau) sont vraiment courageuses, on sait que des flottilles ont essayé d’arriver à Gaza et où les gens se sont fait abattre.
Leur courage sert, parce qu’on voit que cela commence à bouger. Mais comme ce fut le cas avec Rima Hassan, les médias utilisent par exemple le mot d’« arrestation » alors qu’il s’agit d’un acte de piraterie, l’équipage a été arrêté dans les eaux internationales pour ensuite être amené sur le territoire israélien. C’est ce qu’on appelle une prise d’otage, un kidnapping.
Pour aller plus loin : Kidnapping du Madleen et du Handala : Macron et Bayrou persistent dans la complicité avec Netanyahu
Et ce qui me rend dingue c’est qu’on a deux représentantes de l’État qui se font arrêter et pas une seule réaction du chef de l’État ou du ministre des Affaires étrangères. On ne parle pas de criminels mais d’humanitaires qui amènent du lait infantile pour nourrir des enfants. Je pense que le problème principal dans notre façon de gérer les affaires étrangères c’est qu’il n’y a plus de ligne, il n’y a plus de colonne vertébrale.
Source: https://linsoumission.fr/2025/08/01/patrick-proisy-gaza-drapeau/
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