© Huchot-Boissier Patricia/ABACA
Mardi 5 août, un rassemblement avait lieu devant le siège de l’AP-HP pour protester contre un projet de transformation de l’établissement parisien : 20 000 mètres carrés seraient concédés à un promoteur immobilier privé, en échange de 144 millions d’euros. L’espace serait transformé en commerces, bureaux et habitats.
Par Mathilde TEXIER.
« L’Hôtel-Dieu, on s’est battu pour le garder, on se battra pour le sauver. » C’est en boucle que la cinquantaine de personnes rassemblées, à l’appel de la CGT, devant le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ont scandé ce slogan, mardi 5 août. Une façon de réaffirmer leur opposition au projet de transformation de l’hôpital Hôtel-Dieu, voté au même moment en conseil de surveillance de l’AP-HP.
« Il faut développer l’activité hospitalière de soins à l’Hôtel-Dieu, pas qu’il devienne un centre commercial », résume Graziella Raso, membre de l’Usap-CGT. Si le projet se concrétise, l’AP-HP, propriétaire des murs de l’hôpital, concéderait durant quatre-vingts ans 20 000 mètres carrés au groupe Novaxia, en échange de 144 millions d’euros.
6 000 mètres carrés destinés à un musée dédié à Notre-Dame de Paris
Le promoteur immobilier privé diviserait la surface en restaurants, commerces, laboratoires, espaces de travail pour start-up en santé et en habitat. 6 000 mètres carrés seraient par ailleurs destinés à un musée dédié à la cathédrale Notre-Dame. L’espace réservé à l’hôpital serait donc divisé de moitié.
« Les activités hospitalières actuelles sont censées être maintenues. Mais, sur cette toute petite partie, nous ne sommes pas certains que cela soit possible », doute Graziella Raso. « A-t-on besoin, en plein cœur de Paris, de restaurants et de bureaux pour installer des start-up ? Non, nous avons besoin d’un accès aux soins », martèle Camille Naget, élue communiste du 19e arrondissement, venue soutenir les syndicats et le personnel soignant.
Un projet dans le sillage de la destruction du service public
Le projet indigne également Nathalie Marchand, secrétaire de l’Usap-CGT, membre du conseil de surveillance. « Tous les hôpitaux de l’AP-HP sont en tension. C’est une aberration de réduire autant la superficie de cet hôpital, situé à l’endroit le plus fréquenté de Paris », fulmine la syndicaliste.
Depuis 2013, les urgences de cet hôpital ont vu leurs capacités réduites. De nombreux autres services ont par la suite été transférés (ophtalmologie, chirurgie…). « J’ai assisté au démantèlement progressif de l’hôpital », se remémore Carole Matuszczak, agent en logistique depuis 1984 et secrétaire générale de la CGT de l’Hôtel-Dieu. Nathalie Marchand voit dans ce projet « la continuité de ce démantèlement ».
Lors du conseil de surveillance, seule la CGT a d’ailleurs voté contre. En octobre, le Conseil de Paris devra décider d’entériner ou non le projet, bien que le dernier mot serait donné à la préfecture de Paris, selon la CGT.
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